My Friend,

Vince Taylor

A Legend of Rock'N Roll

Un Rocker Pur et Dur...

  1961 : Grace à Salut les copains , je découvre le Rock'N Roll français ...(voir la page de Rock Metal)

Johnny, Dick, Eddy… Danny (Boy)... Vic (Laurens)... Rocky(Volcano)... And co

Juillet 1961 : Vince Taylor arrive en France.

De son vrai nom, Maurice Brian Holden, Vince est anglais.

Il nait le 14 juillet ( ! ) 1939 à Isle Worth, dans la banlieue de Londres.

Mais il vit son enfance et son adolescence en Californie, au lendemain de la guerre.

Son rêve est d'être pilote, mais il découvre le Rock et commence à participer à des radios crochets.

1957 : A 18 ans il revient à Londres.

Il enregistre Deux simples pour Parlophone en novembre 1958 et mars 1959.

Le deuxième 45 tours " Brand New Cadillac ", une de ces rarissimes compositions, devenu culte aujourd'hui.

Malheureusement la BBC le bannit pour raisons déontologiques (une marque automobile est mentionnée dans le titre)… Je ne l'entends pas non plus sur RTL...

Tout de suite, Holden se rebaptise en Vince Taylor en pensant non à Liz mais à Robert.

Son passé d'américain l'incite à donner des leçons à tout le monde : Présentation, éclairages…

Il refuse de se produire avec le " Houseband " d'Harry Robinson, musicien célèbre et populaire qui sera bientôt sollicité par Serge Gainsbourg pour la " Javanaise ".

Vince Taylor le Rocker pur et dur arrive.

Il s'entoure des meilleurs musiciens du " 2 l's " célèbre boite de Picadilly Circus. Tom Harvey et le futur presque Beatles Tony Sheridan, comme guitaristes solistes. Les futurs Shadows, Brian Loking, basse et Brian Bennett, batterie. Mais c'est Joe Moretti qui balance les riffs et soli de " Brand New Cadillac ". Ce deuxième simple mentionne le nom du groupe : Les Plays Boys.

En 1960 la formation connue en France commence à accompagner Vince Taylor, avec Tony Harvey, guitare solo, Johnny Vance, basse, Alan Coks rebaptisé le Claire, piano et un batteur de jazz débauché vers le Rock par Vince : Bobbie Woodmann.

Jimmy Page y effectue même, début 1960, un passage éclair, sur scène uniquement.

Ces musiciens n'accompagnent pas seulement Vince Taylor, mais également d'autres Rockers anglais.

Vince retourne alors quelques mois en Californie.

Il y enregistre deux simples pour la firme belge Palette qui ouvre une succursale anglaise, en août 1960.

Il revient à Paris avec so groupe où ils sont censés accompagner Duffy Power dans un show de rock anglais à l'Olympia avec à l'affiche des inconnus comme Wee willie Harris, Nero & The Gladiators avec Tony Harvey…

Vince n'est pas prévu à l'affiche.

Les évènements s'accélèrent alors…

Les 7 et 8 Juillet 1961 : Festival de rock anglais, c'est un flop avec à peine 200 jeunes à chacune des deux représentations.

Pendant les répétitions, Duffy Power arpente les boulevards Parisiens.

Vince en profite pour arborer pour la première fois ( ? sulfureux ensemble de cuir noir des pieds à la tête, bottes comprises, imaginé pour Gene Vincent par le visionnaire Jack Good.

De plus il porte en mains ou autour du cou une chaîne, celles des voyous de l'époque.

Il impressionne tellement l'organisateur que Vince d'extra, se retrouve bombardé vedette du show !

Les rares spectateurs n'accrochent pas au spectacle, sauf à Vince, comme l'a plus tard confirmé Dick Rivers, présent dans la salle.

Vince séduit aussi Jean Fernandez, directeur artistique de Barclay.

Il ment sur son absence de contrat et brouille définitivement les responsables de Palette et de Barclay, qui engagent illico, Vince et son groupe, les Plays-Boys.

Une première " British Invasion " se met en place par la Côte d'Azur où, arrivée à Nice, la bande qui vient de remporter la Coupe du Monde ( ! ) de rock'n'roll à Juan-les-Pins pose pour ses premières photos dans la presse française dans une ambiance vacances qui ne laisse pas soupçonner la tornade à venir...

Vince en Rocker des plages, maillot et sourire de gosse, guitare sèche à la main, jolies filles dans le décor.

Henri Calef, cinéaste absolument pas Nouvelle Vague, filme à ce moment un festival de musique classique à Menton.

Il perçoit ces premières vibrations et les fixe dans l'improvisation la plus totale lors du tournoi de Rock de Juan-les-Pins ! Ainsi naît le court-métrage " Le temps de la fureur ", présenté plus tard en salle en première partie de " Vie privée " de Louis Malle avec Brigitte Bardot.

La pression monte… Monte...

 Retour à Paris. Première session. Sortie du premier 45 tours le 22 septembre.

" Twenty Flight Rock " est foudroyant, obsédant, " crapuleux ", caoutchouteux, avec un accent indéfinissable de yankee-cockney.

Le solo de Bob Steel explose, suivi de celui de Bobbie à la batterie.

Le meilleur de Vince est là, dès ce premier 45 tours français avec toutes les forces et les faiblesses de l'artiste.

" Sweet Little Sixten " avec le piano efficace d'Alan Cocks-Le Claire, rebaptisé Hamilton est une version très honnête du classique de Chuck Berry.

" C'mon Everybody ", de Eddie Cochran, n'a pas la fluidité sauvage de l'original, alors que le slow " Love Me ", popularisé par Elvis Presley, constitue une réussite " décalée ".

 

Le disque se vend bien, sans pouvoir rivaliser toutefois avec ceux de Johnny, des Chaussettes Noires ou de Richard Anthony…

Vince est avant tout un artiste de scène. Et si rêveurs passionnés et romantiques lui restent attachés, c'est qu'il demeure un des plus grands showmen de Rock'n'Roll.

Rentrée 1961. Quelques apparitions parisiennes en font un mythe : trois soirées privées au Club Saint-Hilaire de François Patrice et, surtout, en octobre une série de concerts au Tabarin, sur une scène ceinte de fils de fer barbelés ! Vince et les Plays-Boys constituent un phénomène dépassant l'entendement : Vince, sur un rythme d'enfer, roule sur les planches en simulant l'orgasme, tremble en proie à une crise d'épilepsie, brusquement interrompue à la fin d'un solo. Il menace de son micro l'un des Plays-Boys ; se rue sur le piano, y atterrit en vol plané, y danse devant un Alan penché en arrière, au risque d'une chute.

Bobbie est démoniaque au " twin bass drums ", une double grosse caisse inusitée dans le rock, utilisée notamment par le modèle de Clarke, le grand batteur de jazz Louie Bellson.

Son jeu a été nourri par tous les drummers de légende, Gene Krupa, Buddy Rich, " Big " Sid Catlett, Cozy Cole, Art Blakey…

 Le 7 Novembre, après le Musicorama à l'Olympia avec Helen Shapiro et Les Chaussettes Noires, la carrière de Vince va connaître un premier dérapage.

Le 18 novembre à la " Surboum Géante du rock " au Palais des Sports, il figure en vedette.

L'impresario Roland Ribet, qui travaille avec lui, se souvient que Vince attire un public très hétéroclite : des blousons noirs, des " antiquaires " (des homosexuels) et… des dames émoustillées, parfois plus toutes jeunes, par sa beauté et son allure agressivement virile.

Hélas, le sacre tourne au massacre.

Les Chats Sauvages, qui se produisent immédiatement avant Vince, déclenchent une mise à sac du Palais des Sports, construit l'année précédente.

Vince ne chante pas.

Le spectacle du lendemain est annulé.

Avec le recul, on peut y déceler les prémices d'une série de bévues et de chausse-trapes.

L'absurde commence.

Malgré sa prestation annulée, Vince pose complaisamment pour la presse, agenouillé au milieu des débris de chaises, avec une expression indéfinissable.

Vince, sans s'en rendre compte, vient de devenir avec ses atours de cuir noir, un bouc émissaire alors que Johnny réussit presque à faire oublier les dégâts qui ponctuèrent sa tournée d'été.

Vince Taylor va désormais représenté le Mal.

Sa disparition progressive des media entraîne une chute de sa cote et des engagements, malgré l'énorme mise publicitaire de Barclay, encore fulminant de n'avoir pu ravir Johnny Hallyday à Vogue, ce dernier ayant opté pour Philips.

Mais cette chute de popularité est progressive : Ainsi, pour la seule fois de sa vie, Vince apparaît en star dans le lieu réputé indispensable à toute consécration durable : L'Olympia.

 

Après quelques concerts en province souvent couronnés de succès, dont l'Alcazar de Marseille,

Le Rock Metal le découvre dans un show gigantesque au Club du Saumon ( ! ) devant une petite bande de Rockers stupéfaits par cette agressivité ! Ce spectacle est toujours présent dans ma mémoire. Surtout que nous boirons queques bières avec Vince, celui-ci nous parlant de Roc et de Californie !

Vince mon pôte, je te piquerais ton jeu de scène...

Le 25 cm " Le Rock c'est ça " sort des presses et se vend bien.

Ce deuxième malheureusement, comme le premier, est un mélange décousu de Rocks exceptionnels et de faiblesses.

" Baby Let's Play House " est interprété avec tonus. Ce Rock'n'Roll à l'accompagnement assez primaire se voit presque dépouillé de ses entrailles blues et rockabilly des versions précédentes dont celle du créateur Arthur Gunter, puis Elvis Presley… " Long Tall Sally " et " Lovin'Up a Storm " sont des interprétations moins percutantes.

Le piano proéminent d'Alan Le Claire donne une atmosphère moins violente que dans les grandes versions classiques.

Il n'en est pas de même pour le brillantissime " So Glad You're Mine ".

Le 28 décembre débutent deux semaines de concerts en vedette à l'Olympia, avec Sylvie Vartan et Henri Tisot ( ! ) l'imitateur officiel du général De Gaulle en première partie.

Certains articles attirent l'attention sur la devise inscrite sur la médaille de Vince : " Omnia dicenda " (tout doit être dit).

Le show de l'Olympia est divisé en deux parties : Vince se donne à fond dans la première, avec sa panoplie de cuir noir.

Puis, sur un solo de batterie de Bobbie, Vince se précipite dans sa loge pour en revenir tout de cuir blanc vêtu, tel Gene Vincent dans le film " It's Trad Dad " !

Le show est évidemment mal reçu par la presse généraliste, à deux ou trois exceptions près.

Mais de grands artistes sont impressionnés, comme tout spectateur ouvert ou attentif.

Johnny, Dick vont le voir tous les soirs.

Il le considère d'ailleurs encore aujourd'hui comme l'un des deux ou trois plus grands showmen qu'il ait connus.

Edith Piaf confie à Paulette Coquatrix : " Ce Vince Taylor, c'est quelque chose " !

Le vent tourne.

Manifestement, le spectacle de Vince Taylor est trop extrême, trop révolutionnaire, pour l'époque pour en faire une star populaire.

Personne ne peut prédire alors l'arrivée, une dizaine d'années plus tard, du glam-rock, dont les éléments de provocation, de sauvagerie stylisée et d'ambiguïté sexuelle se trouvent en germe chez Vince Taylor et les Plays-Boys.

Certains critiques, rendant compte de l'Olympia de Vince Taylor, évoquent de façon allusive, une dimension homosexuelle.

Et l'on sait aujourd'hui que Vince est l'inspiration de " Ziggy Stardust ", David Bowie ayant été impressionné par une rencontre inopinée avec Vince à Londres.

Ses chansons filmées sont dans les bistrots sur les Scopitone, avec de remarquables réalisations, en couleur, rendant pleine justice à " Twenty Flight Rock ", " Baby Let's Play House ", " Shakin'All Over "…

Le troisième 45 Tours paraît bientôt : " Slow Rock ".

Le rythme, évidemment, se ralentit et cette tentative de renouvellement intéressante est réussie.

" Endless Sleep " de Jody Reynolds, Rock médium à l'atmosphère lugubre est défendu par un Vince expressif et déchirant.

La guitare de Steel résonne comme un glas.

La version de " Shakin'All Over " n'a pas à rougir face à celle de Johnny Kidd.

Quant à " Don't Leave Me Now " et " Don't Ever Let Me Go ", leurs sensibilités écorchées donnent du charme à l'interprétation.

Le quatrième 45 Tours arbore un titre-phare : " There's A Lot Of Twistin'Goin'On ", version décalée swingante et subtile proto-twist de l'ultra célèbre hit " Whole Lotta Shakin'Goin'On ".

L'interprétation de Vince redonne ici au twist sa dimension initiale : Intonations sensuelles et canailles-" Touèst ! Touèst ! "- qui correspondent à la musique de Hank Ballard, musique à l'origine joyeuse et érotique.

L'accompagnement subtil et swinguant des Plays-Boys laisse apparaître leurs racines jazz.

Cet disque réussi sur le plan artistique n'est qu'un petit succès commercial.

 

SUITE.................................

 

 Tous les deux au Paradis des Rockers...

Gégéne et Vince