D'après les "Puristes", il paraît toujours difficile d'allier le rock pur et dur à la langue française. D'aucun disent que c'est même impossible tellement ce genre est lié à la culture anglo-saxonne. Pourtant au début des années 80, un gang de furieux relevera le défi, Trust a su donner ses lettres de noblesse au hard-rock français. Dans un domaine musical qui fait la part belle aux groupes anglophones ( AC/DC, Metallica, Motorhead, ...), Bernie Bonvoisin et ses comparses ont prouvé que la langue de Voltaire pouvait se marier parfaitement avec la révolte et les guitares électriques.

Alors que Téléphone rassemble la jeunesse autour de lui, Trust passe à la vitesse musicale supérieure. Et Le Rock Metal sera de leurs premiers fans...

L'histoire de Trust commence comme celle de nombreux groupes. Trois amis, Bernard Bonvoisin (dit Bernie) au chant, Raymond Manna (dit Ray)à la basse, Norbert Krief (dit Nono)à la guitare, forment le groupe Trust et écument les boîtes parisiennes.

Leur premier concert a lieu les 9 et 10 septembre 1977, concert en première partie de Bang pour la réouverture du Golf Drouot à Paris avec Jean-Emile "Jeannot" Hanela à la batterie. Trust exprime son amour du "Rock Metal" au sens propre du terme en reprenant AC/DC et Sex Pistols.

Bernie s'est essayé à la batterie avant de devenir chanteur, mais c'est indéniablement dans ce dernier rôle qu'il excelle. Comme ses "collègues" hard-rockeux anglo-saxons, il a le sens de la performance, la capacité de tout donner quand il est sur scène.

Une Bête de Scène ! Cette première expérience au Golf Drouot permet à Trust de signer un contrat avec la maison de disques Pathé Marconi. Fin octobre 1977, le groupe enregistre un premier 45 tours aujourd'hui introuvable.

Remarqué pour leur fougue et leur énergie, ils enchaînent par l'Olympia, en première partie du groupe néo-punk Bijou. Dès l'année 1978, une de leurs premières compositions sort en 45 tours sous le titre "Prends pas ton flingue" ("Paris by night" en face B). La galette reste très confidentiel

Si ce disque n'a pas de succès, il permet cependant au groupe de rencontrer, durant l'enregistrement aux Studios Pathé (au moment ou les Stones enregistraient " Some Girls "), Bon Scott, chanteur et leader du groupe AC/DC, qui deviendra un ami, un protecteur et un mentor. Ainsi invite-t-il Trust à se produire en première partie d'AC/DC le 24 octobre 1978. Les rockers français ne perdent pas l'occasion de se faire connaître, et signent dans la foulée chez CBS avec le nouveau PDG Alain Levy.

Ce changement de maison de disques permet à Trust de sortir son premier album."Trust" leur premier opus enregistré à Londres paraît en mai 1979. Il est mixé par Dennis Weinreich (Jeff Beck, Supertramp, etc.). Les textes sont percutants et encrés dans la réalité sociale le groupe ne cache pas ses ambitions musicales et ses convictions politiques. Résolument "antisocial" voire anarchiste, Trust se produit partout où la révolte gronde. Comme le répète Bernie, lui-même issu de la classe ouvrière ce qui conditionne largement son écriture. Sa hargne s'inscrit donc sur des titres comme "Bosser huit heures" ou "Police - Milice", soutenus par des riffs solides de guitare.

Entre juin et novembre 1979, Trust effectue sa première tournée qui se révèle être un énorme succès et permet l'envol du groupe. Même si les conditions ne sont pas toujours favorables. Certaines municipalités apeurées par l'ampleur du phénomène et la combativité affichée du groupe, interdisent les concerts ou dépêchent sur les lieux des forces de police importantes. Trust se produit même à la prison de Fleury-Mérogis car comme le dit Bernie "S'il n'y avait pas eu Trust, on serait tous en tôle".

Pour cette tournée Ray quitte la scène pour prendre les commandes commerciales de Trust et se fait remplacer par Yves Brusco, alias Vivi.

Pour de nombreux fans, Trust ose dire tout haut ce que Téléphone, trop tendre et commercial, chante tout bas. Ainsi leur premier album se démarque du rock ambiant.

L'album certifié Platine, voilà Trust devenu un groupe incontournable de la scène française. Il rassemble 10.000 fans et le Rock Metal au Pavillon de Paris le 12 janvier 1980. Le deuxième album de Trust lui est dédié. Enregistré dans les mêmes studios londoniens, "Répression" sort en mai. Il contient le fameux titre "Anti-social (tu perds ton sang-froid)", cri de révolte emblématique qui finit par passer sur toutes les radios. "Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale/Tu masques ton visage en lisant ton journal/Tu marches tel un robot dans les couloirs du métro.". Un texte simple et efficace qui accroche beaucoup de jeunes

Malheureusement, Bon Scott ne connaîtra pas le succès de cet album: dans la nuit du 19 février 1980, il décède dans des circonstances dramatiques.

Trust est aussi connu pour sa consommation effrénée de batteurs ! En effet, difficile de résister au tandem Bonvoisin/Krief, donc Jeannot Hanela est écarté. Vient alors Kevin Morris, puis ce sera le tour de Nico Mc Brain, et encore d'autres ...

Suite à cet énorme succès que représente "Répression", Trust part en tournée à travers la France entre début octobre et le 6 décembre 80. Un soir, un des plus importants agents anglais John Jackson vient les voir et décide de les signer. "Répression" sort en version anglaise sur des paroles de Jimmy Pursey en Angleterre et dès février 1981, le groupe y fait la première partie d'Iron Maiden. Il revient un peu plus tard en vedette pour 19 dates.

"Préfabriqués" extrait de l'album datant de 1979, est enregistré en anglais et sort en 81 sur la bande originale d'un film américain "Heavy metal". Décidément, Trust en veut et compte bien rivaliser avec les groupes de hard rock anglo-saxons.

Véritables stakhanovistes, les musiciens du groupe enregistrent à Stockholm, un nouvel album en français qui sort en octobre 1981. "Marche ou crève" est produit par Tony Platt (AC/DC). Trust enchaîne instantanément une tournée en novembre puis enregistre en anglais le troisième album rebaptisé "Savage" au tout début de l'année1982, et fait quelques dates en Angleterre et en Allemagne. Marche ou crève confirme le ton : "La Junte", "Ton dernier acte" (chanson hommage à Bon Scott) et "Les Templiers" restent dans la lignée de Répression et confirment le talent de parolier et de chanteur du leader Bernie.

Des textes solides et révoltés, des guitares énervées et mélodieuses à la fois, un rythme à toute épreuve. La recette est recherchée et efficace.

Arrivé à ce stade de leur jeune carrière, un certain nombre de réserves, voire de critiques commencent à être émises. Les changements de batteurs incessants, la production plus soignée de leur dernier album (et donc moins "hard") et une certaine baisse d'agressivité détournent un peu un public qui jusque-là, soutenait totalement le groupe.

Le quatrième album est d'ailleurs plus difficile à mettre en place. Il faut plusieurs mois passés dans des studios pour que sorte enfin en septembre 1982 "Trust IV". Produit cette fois-ci par Andy Johns (Led Zeppelin, Rolling Stones), cet opus semble plutôt rock que hard rock, un orchestre symphonique ayant pour l'occasion, été recruté ! ! ! Pour continuer la saga des batteurs, cette fois-ci Trust engage Clive Burr d'Iron Maiden, Nico Mc Brain rejoignant ce même groupe.Trust se produit en tête d'affiche du Rockpalast Festival de Cologne le 5 juin 1982. Le concert sera retransmis dans toute l'Europe ... sauf en France ...

Le groupe continue la tournée en Allemagne avec Iron Maiden et en retire un immense succès

 

Pris entre les concerts et les enregistrements d'albums, Trust commence un peu à s'essouffler. En novembre 1983, le groupe s'embarque pour la tournée des "100 jours",un Bulldozer sur la scène ... dans des salles de dix mille personnes ... Cette tournée s'avère un goufre financier dont ils ne peuvent sortir. L'année suivante voit la sortie en Angleterre et au Japon de la version en anglais du quatrième album, "Man's trap", cet album finit d'engloutir leurs dernières économies.... A l'automne, le groupe sort un ultime album avant son split. "Rock'n'roll", cinquième opus contient le dernier hit du groupe, "Serre les poings".

Rien ne pourra sauver Trust, ni le cinquième album rock'n roll en 1984, ni l'amour de leurs innombrables fans.

A l'occasion d'un concert en Bretagne, le 31 juillet 1985, Bernie annonce la fin du groupe. L'aventure est finie, les temps changent et Trust ne semble plus au goût du jour. Le contexte social et politique n'est plus le même (François Mitterrand est arrivé au pouvoir en mai 1981). Ce qui avait constitué le fonds de commerce de Trust, à savoir le refus de l'autorité (de la police entre autres), la dénonciation de la censure, la défense des catégories socioprofessionnelles défavorisées, etc. n'est plus vraiment d'actualité.

En outre, des problèmes de management semblent avoir gangrené la vie du groupe, déjà un peu lassé de lui-même.

Durant les années qui suivent, le public espère sans cesse les retrouvailles de Trust. Mais chaque membre de Trust prend des chemins différents. Bernie sort un album solo en 1986 et apparaît dans quelques films en tant que comédien avant de s'attaquer lui-même à la réalisation. Nono, quant à lui se transforme en musicien de haute volée et se met au service de Johnny Hallyday.

Mais la nostalgie n'est jamais loin : Trust se reforme à l'occasion d'un concert en première partie d'Iron Maiden deux soirs de suite à Bercy les 24 et 25 septembre 1988. L'année suivante sort "Paris by night", live extrait d'une de ces prestations. Une tournée d'une vingtaine de dates est ensuite organisée sans que pour autant Bernie et Nono, n'envisagent de continuer. Les fans sont un peu déboussolés, attendant sans doute une reformation définitive. Mais les protagonistes en décident autrement, même si l'on voit l'apparition d'un mini album intitulé "En attendant". La question que tout le monde se pose est : En attendant quoi ?

Car il faut le reconnaître, ceux-ci ont dirait-on beaucoup de mal à se faire à leur vie solitaire, sans grandes messes rock et sans notoriété. Jouant ainsi sur la fibre nostalgique de leur public, Trust sort un nouvel album live dont les titres datent en fait de la tournée "Répression" en 1980 et le met sur le marché en octobre 1992. Evidemment très représentatif du style Trust, ce disque est de très bonne qualité.
En fait, c'est à l'instigation d'Epic, l'ancienne maison de disques du groupe, que Bernie Bonvoisin et Nono Krief se retrouvent en 1995 pour écrire de nouveaux morceaux. On leur adjoint un nouveau batteur (!) Nirox et un nouveau bassiste David Jacob. C'est en fait Warner qui permet la sortie de ce nouvel album "Europe et Haines" avec à la clé un contrat très intéressantLa façon d'aborder les différents thèmes est sensiblement la même, textes virulents et directs et la musique toujours aussi énergique, bodybuildée. Trust vendra plus de 100.000 exemplaires de ce disque, preuve qu'il y a encore des aficionados du groupe.

La reformation du groupe sera suivie d'un concert au Bol d'Or devant 40 000 personnes ... Les éléments aidants, ce show sera une immense réussite ... Il cèlera le départ du batteur de l'album, Nirox John, et son remplacement par Hervé Koster ... Ce nouvel opus donnera lieu à une tournée marathon en janvier et février 97.

Le 21 février 1997, le groupe joue à guichets fermés devant 6000 personnes et le Rock Metal au Zénith à Paris avant de commencer une tournée en France.

Bernie Bonvoisin préfère se consacrer un peu plus au cinéma occupé à la promotion de son film, "Les Démons de Jésus", sorti début janvier 97, qui connaîtra lui aussi un immense succès. Trust sort tout de même un nouvel album en avril 2000 "Ni Dieu ni maître", un album testament au titre évocateur... Car la discorde entre Bonvoisin et Norbert Krief pointe son nez. En effet, le premier attaque le second en justice et demande le retrait pur et simple de l'album des bacs des disquaires, sous prétexte qu'il n'est pas satisfait du résultat.

Trust ou le seul vrai groupe de hard rock français de tous les temps ? Sans doute, même si cela semble un peu exagéré. Pourtant, depuis le milieu des années 1980, aucun artiste n'a réussi à occuper cette place tant convoitée.

Après un quart de siècle de rock rageur et électrique, la bande de Bernie Bonvoisin survit dans le coeur des fans et continue de marquer l'histoire du rock de son empreinte inimitable.

2006 : La Planête Rock n'y croyait plus ! Trust se reforme...

Bernie, Vivi, Farid, Iso & Nono sur scène le 8 juillet 2006 pour un concert filmé et enregistré.
Cela dans le cadre du "festival des Terres Neuvas Bobital" côtes d'Armor.
Ils ont interpréter des titres de tous les différents albums, du 1er album à Europe & Haine ainsi que des inédits !
Tous les Rockers se Réjouissent.... DVD Live

One More Time...... Yeahhhhhh


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